« Accès amélioré à l’eau potable et à l’électricité pour des millions de personnes »

Disposant de moyens conséquents, l’AFD en Côte d’Ivoire intervient dans une multitude de secteurs et contribue significativement à améliorer les conditions de vie des populations, comme l’explique son directeur, Adrien Haye.

Directeur de l’Agence française de développement en Côte d’Ivoire

 

L’Agence française de développement (AFD), avec un portefeuille de plus de 3 milliards d’euros (2 000 milliards de FCFA), accompagne plus de 70 projets prioritaires du Plan national de développement (PND) 2021-2025 de Côte d’Ivoire. C’est colossal…

 

Adrien Haye : C’est en effet l’un des portefeuilles de projets les plus importants pour nous, en montant – peu dépassent les 3 milliards d’euros – et en diversité. Nous accompagnons quasiment toutes les politiques publiques de développement : agriculture, aménagement et développement urbains, éducation, eau et assainissement, énergie, emploi, gouvernance financière, justice, industries culturelles et créatives, mobilité et transports, santé, biodiversité et climat, etc. En Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire est aussi le premier pays d’intervention pour nos filiales : Proparco, qui finance le secteur privé, et Expertise France, l’agence de coopération technique.

 

Combien de financements ont été accordés dans le cadre du PND en faveur de projets structurants qui améliorent les conditions de vie des Ivoiriens ?

 

Tous les projets accompagnés sont structurants et contribuent à renforcer la qualité de vie de la population ivoirienne à court ou à long terme. Sur un temps plus long que la période du PND, nous avons obtenu des résultats tangibles : accès amélioré à l’eau potable pour près de 2,3 millions de personnes et au réseau électrique pour plus de 1,5 million de personnes, 120 000 enfants scolarisés dans des écoles et des collèges de proximité, 10 000 enseignants et 16 000 directeurs d’école formés, plus d’un million de manuels scolaires édités et distribués, 120 000 cotonculteurs soutenus pendant le Covid-19, une centaine de dispensaires et plusieurs cliniques et hôpitaux construits ou réhabilités sur tout le territoire, 500 km de réseaux routiers et de pistes réhabilités, etc. Ajoutons les grandes infrastructures que l’AFD a contribué à construire, réhabiliter ou moderniser : le pont Félix Houphouët-Boigny, l’Institut national polytechnique de Yamoussoukro et ses grandes écoles, le grand marché de Bouaké et bientôt celui de Yopougon, etc. Enfin, nous avons concouru au succès de la CAN et à l’hospitalité unanimement saluée qui l’a caractérisée en appuyant la moitié des 20 000 bénévoles formés et déployés. 

 

Parmi les 5 projets phares de l’AFD en matière d’énergie renouvelable figure une centrale électrique pour recycler les déchets de palmiers. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

En matière d’énergie, notre stratégie d’intervention comme chef de file des bailleurs de fonds du secteur est celle de la transition énergétique juste, combinant lutte contre le changement climatique et accès pour tous à une énergie abordable. D’où le financement de projets augmentant l’accès à l’énergie et développant les capacités de production, notamment l’hydro-électricité et le solaire photovoltaïque. Nous devrions ainsi avoir contribué d’ici à fin 2024 à la réalisation de 245 000 branchements sociaux et à la production de 126 mégawatts d’énergie renouvelable, chiffre qui pourrait atteindre les 856 MW les prochaines années avec le projet WASUNA (Water and Sun Alliance) en discussion. S’y ajoute effectivement le projet pilote innovant de la centrale de production d’électricité à partir de biomasse BIOVEA (46 MW) en construction à Aboisso et financée par notre filiale Proparco. Elle valorisera sous forme d’électricité renouvelable les déchets organiques issus de la production de palmiers à huile, et les sous-produits comme les cendres seront utilisés pour fertiliser les sols.

 

Pour la première fois, l’AFD a financé dès 2022 le projet VIGICLIMM (Système de vigilance, d’alerte et de services climatiques et météorologiques) à hauteur de 18,4 milliards de FCFA (28 millions d’euros). Quelles sont ses particularités ?

 

Le projet VIGICLIMM vise à renforcer les capacités d’analyse, de prévisions et d’alerte des services météorologiques ivoiriens grâce à des outils de mesure et des logiciels de prévision de pointe afin d’anticiper les phénomènes météo et, surtout, de diffuser une information qualifiée sur différents supports (TV, radio, Internet) à un public le plus large possible : petits producteurs agricoles en prévision des campagnes de semis, protection civile et chefs d’arrondissement en cas de forts épisodes orageux pour prévenir les inondations, etc. Pour assurer le succès de ce projet, nous avons fait appel à Météo France, qui s’engage à livrer à la SODEXAM un service complet et clé en main aux meilleures normes mondiales. 

 

Comment l’AFD intervient-elle en faveur de l’insertion et de la création d’emplois en Côte d’Ivoire ? 

 

L’éducation, la formation, l’emploi et l’insertion de la jeunesse sont au cœur du partenariat entre la France et la Côte d’Ivoire. Le président Ouattara a décrété 2023 comme année de la jeunesse avec le lancement d’un programme massif, le Programme Jeunesse du gouvernement (PJ GOUV). Notre partenariat s’est traduit par le financement de trois projets successifs pour un total de 90 milliards de FCFA au profit de 50 000 jeunes accompagnés via des dispositifs de renforcement de leur employabilité ou d’appui à l’entrepreneuriat. Avec le dernier programme signé en mai 2023, ce sont 80 000 jeunes supplémentaires qui suivront, partout dans le pays, des parcours d’appui à l’employabilité, à l’entrepreneuriat et à l’engagement citoyen. 

 

Pour 2024, quelles sont les priorités inscrites sur votre feuille de route ?

Engager de nouveaux financements et nous assurer de la bonne exécution des projets déjà financés, tout en restant à l’écoute des besoins exprimés par nos partenaires pour préparer le futur. Pour 2024, je peux citer la réhabilitation du Centre culturel Jacques Aka de Bouaké, la poursuite des appuis à la Nouvelle pharmacie de santé publique et à la construction de collèges de proximité, le renforcement des ressources humaines en santé, l’extension de l’enseignement des sciences, l’aménagement de périmètres agricoles et le soutien aux PME et à l’entrepreneuriat. Au total, près de 300 millions d’euros de nouveaux financements devraient être autorisés, avec toujours le même objectif : contribuer au développement inclusif de la Côte d’Ivoire et à l’amélioration durable des conditions de vie de ses habitants. 

 

Propos recueillis par Andju Ani