« De janvier à octobre 2024, nous avons injecté 16,5 milliards dans l'économie gabonaise pour accompagner notre clientèle »

Sous la direction de El Hadji Mamadou Faye, COFINA Gabon œuvre à soutenir l’entrepreneuriat féminin via l’agence Owali, dont l’objectif est d’accorder au moins 60 % des financements aux femmes. Entre 2022 et 2023, la filiale gabonaise a aussi enregistré une augmentation de son portefeuille de crédits de 7 %.

Entretien - Directeur général de COFINA Gabon

 

En dix ans d'existence, quelle a été la contribution de COFINA dans l’inclusion financière au Gabon ? Par ailleurs, s’agissant de proximité, êtes-vous présent dans les grandes capitales provinciales ?

 

El Hadji Mamadou Faye : Depuis le démarrage, COFINA Gabon a joué un rôle clé dans l'inclusion financière du pays, avec plus de 18 000 clients dans notre portefeuille. Nous sommes principalement implantés à Libreville, avec 5 agences, et grâce à notre solution de réseaux d'agents partenaires (Agency Banking) et notre partenariat stratégique avec Airtel Money Gabon, nos services se sont étendus dans les zones rurales et provinciales. Nous accompagnons également des clients situés dans des localités importantes comme Port-Gentil, Moanda, Oyem et Lambaréné grâce à la chaîne de valeur de certains Blue Chips (grandes entreprises) opérant en province. En matière d'inclusion, notre politique de proximité nous permet de soutenir les petits entrepreneurs souvent exclus du système bancaire classique. Grâce à des produits adaptés comme le PP Commerçant, nous touchons des secteurs tels que la restauration rapide africaine, les épiceries de quartier, les vendeurs de fruits et légumes, les salons de coiffure, etc. Ces actions contribuent directement à l'élargissement de l'accès aux services financiers pour les populations marginalisées, renforçant ainsi notre engagement envers l'inclusion financière au Gabon.

 

Le financement des PME est en plein essor dans la sous-région, notamment au Gabon. Pour une PME ou une MPME, quels sont les critères d'obtention d'un financement auprès des guichets de COFINA ?

 

COFINA Gabon, comme les autres filiales du groupe, applique une politique de crédit adaptée aux spécificités du marché local, tout en tenant compte des besoins de sa clientèle cible. Notre philosophie de crédit repose sur des principes fondamentaux comme le respect des réglementations, l'éthique et la confidentialité. Pour qu'une PME ou une MPME puisse obtenir un financement auprès de nos guichets, les critères d'éligibilité sont les suivants : être client de COFINA Gabon avec un historique d'activités, être de bonne moralité, avoir une activité légale et éligible génératrice de revenus, justifier la rentabilité de l'activité et, lorsque nécessaire, fournir des garanties pour couvrir tout ou une partie du risque de crédit.

 

En votre qualité de directeur général de COFINA Gabon, comment analysez-vous l’offensive des banques commerciales qui ciblent la microfinance comme une nouvelle niche permettant d'accroître leur rentabilité ?

 

Je considère que l'offensive des banques commerciales dans la microfinance n'est pas un phénomène nouveau. Plusieurs groupes se sont lancés dans le secteur de la microfinance depuis plusieurs années. Ce déploiement accru des banques commerciales dans la microfinance s’explique principalement, dans un contexte d’accentuation de la concurrence avec des taux d’intérêt de plus en plus bas dans certains marchés, par le rétrécissement des marges d’intérêt dans le secteur bancaire traditionnel, ainsi que par une volonté de diversification de leur base clientèle et de leur portefeuille de prêts vers un marché en croissance. Le but visé par ces institutions est d'exploiter la microfinance comme un levier de croissance pour booster leur rentabilité...

 

La politique actuelle au Gabon met en avant l’autonomisation des femmes par l’entrepreneuriat. La clientèle féminine est-elle votre cible ?

 

Au Gabon, les financements accordés aux femmes représentent un encours à date de 1,5 milliard de FCFA sur un total de 6,7 milliards de FCFA accordés aux personnes physiques, soit plus de 22 % de notre portefeuille. Cela témoigne de l’importance de l’accompagnement des femmes dans notre stratégie. Par ailleurs, une de nos agences déjà opérationnelle est destinée principalement à soutenir l’entrepreneuriat féminin. Cette agence du nom d’Owali, située quartier de Louis, est dirigée par une femme, avec une équipe majoritairement féminine. Elle a pour mission principale d’appuyer les femmes dans leurs projets entrepreneuriaux en leur offrant un accès facilité à des services financiers adaptés à leurs besoins. COFINA Gabon s’est fixé l’objectif d’accorder aux femmes au moins 60 % des financements de ladite agence. En outre, des programmes de formation et de mentorat sont destinés à renforcer les compétences de sa clientèle féminine. Les femmes ont une place prépondérante chez COFINA Gabon. D’ailleurs, une femme, Madame Jenny Mvou, occupe brillamment le poste de directrice générale adjointe de COFINA Gabon.

 

Comment ont évolué les agrégats financiers de COFINA Gabon entre 2022 et 2023, et quels sont les objectifs à atteindre en 2024 ?

 

Entre 2022 et 2023, COFINA Gabon a enregistré une croissance soutenue de ses agrégats financiers, avec une augmentation de 7 % de notre portefeuille de crédits, qui est passé de 18 à 19,9 milliards de FCFA injectés dans l'économie. Notre portefeuille clients a également progressé, atteignant les 15 500 en 2023, dont 4 800 PME. En octobre 2024, notre encours de crédit s'établissait à 22 milliards de FCFA avec un portefeuille élargi à plus 18 000 clients.

Cette dynamique reflète notre engagement à favoriser l’inclusion financière avec des produits adaptés aux besoins locaux. Nos objectifs incluent l’accentuation de notre politique de proximité par l’ouverture de nouvelles agences dans deux provinces du Gabon par an à compter de 2025 afin d’élargir notre base clientèle, ainsi que le renforcement du financement de l’entrepreneuriat féminin et de notre impact économique et social, tout en garantissant la viabilité de notre modèle de croissance.

 

Propos recueillis par Louise Bibalou-Durand