« Je soutiens les actions politiques de mon époux et réponds aux besoins exprimés par les populations »

Zita Oligui Nguema, Première dame de la République gabonaise, se confie sur les débuts de son rôle d’épouse du président de la République, dévoile les orientations de sa fondation Ma Bannière ainsi que ses actions prioritaires en 2025. 

 

Vous êtes la 4e Première dame du Gabon depuis l’accession de votre pays à son indépendance le 17 août 1960, que les Gabonais ont découvert lors de votre première apparition publique le 4 septembre 2023. Comment ont été vos débuts ? Avez-vous depuis pris vos marques ? Et comment vivez-vous cette charge de première dame et ses obligations ?

 

Zita Oligui Nguema : L’arrivée au pouvoir de mon époux est intervenue après le coup de la libération du 30 août 2023, qui a introduit notre pays dans une transition politique ayant, entre autres objectifs, la restauration des institutions et de la dignité des Gabonais en mettant un accent particulier sur les services sociaux de base et leurs besoins primordiaux. Mes débuts dans ce contexte, comme vous pouvez l’imaginer n’étaient pas aisés encore moins de tout repos au regard de l’ampleur des défis à relever.

 

La responsabilité de première dame est loin d’être une simple formalité mais une lourde charge qui consiste, non seulement à soutenir les actions politique de mon époux notamment dans le domaine du social mais également à répondre aux besoins exprimés par les populations. Pour y parvenir, cela implique un engagement sincère et profond, empreint de patience, de sagesse, d’une grande capacité d’écoute et de la résilience. 

La confiance et le soutien indéfectible que m’a accordé le peuple gabonais, ainsi que l’accompagnement de mes sœurs lors des différentes rencontres des premières dames m’ont été d’un apport capital pour transcender les obstacles et donner le meilleur de moi.

 

« Ma Bannière est inspirée des Saintes Écritures, où elle est décrite comme un refuge permettant à quiconque de croire qu’un nouveau départ est possible. »

 

Vous êtes la créatrice de la fondation Ma Bannière. Pourquoi ce nom ? 

 

Ma bannière est inspirée des Saintes Écritures, où elle est décrite comme un refuge, un abri sûr permettant à quiconque s’y réfugie de croire qu’un nouveau départ est possible. 

 

Pourquoi, au cœur des actions de votre fondation Ma Bannière, la formation des femmes et des jeunes revêt-elle une si grande importance ? Comment se déclinent ces programmes de sensibilisation et sur quelles thématiques ?

 

Les programmes de formation résultent de plusieurs constats, notamment celui du taux élevé du chômage chez les jeunes, qui se situe autour de 38 %, et celui des femmes, autour de 29 % selon les données de l’OIT. Á cela s’ajoutent des problématiques de délinquance juvénile et d’addictions qui restent majoritairement liées à l’oisiveté. Il ne s’agit donc pas seulement de dispenser des formations, mais plutôt de faire en sorte que ces formations aboutissent à une autonomisation soit par un emploi au sein d’une structure publique ou privée, soit par la création d’une activité génératrice de revenus, car l’autonomisation d’un jeune ou d’une femme est une solution durable au problème d’une famille, d’un quartier, d’un village et, partant, du pays tout entier. Il s’agit également de redonner une deuxième chance aux jeunes grâce à la réinsertion sociale et professionnelle. 

 

Ce projet n’est pas une lubie de la première dame que je suis devenue mais le fruit d’une grande conviction et d’un engagement soutenu qui s’inscrit dans la continuité des actions menées depuis plusieurs années à travers ma vie associative. Les programmes de sensibilisation sont conduits avec l’assistance de psychologues et de conseillers d’orientation partenaires de la Fondation afin d’aider les différents candidats à faire les meilleurs choix, en adéquation avec les besoins réels du marché du travail. Ils se déclinent en plusieurs étapes allant de la publication des appels à candidature sur nos plates-formes de communication aux entretiens personnalisés avec les spécialistes. Les thématiques abordées sont aussi diverses que variées, et toujours étroitement liées aux besoins exprimés par les entreprises partenaires. Par ailleurs, pour relever ce challenge, la fondation se fait également accompagner par des organismes en charge de l’employabilité des jeunes, à l’instar du Pôle national de promotion de l’Emploi (PNPE), des centres de formation professionnelle et des associations œuvrant dans divers domaines. 

 

Vous avez lancé en mai 2024 la première phase de l’ambitieux Programme d’action professionnelle des jeunes visant à réinsérer les plus vulnérables d’entre eux. Un an après ce lancement, quel bilan pouvez-vous mettre en avant ? 

 

Le Programme d’action professionnelle des jeunes (PAPJ) consiste à offrir aux jeunes, avec le soutien de nos partenaires, des formations courtes et certifiantes de six à neuf mois sous le format 80 % de pratique/20 % de théorie afin de leur permettre de s’autonomiser rapidement. Il a pour cibles principales les jeunes en décrochage scolaire, sans qualification, les jeunes filles mères et les personnes vivant avec un handicap. Á l’issu des formations, les bénéficiaires sont admis soit à l’emploi soit à l’auto-emploi. Les domaines de formation sont retenus selon les besoins exprimés aussi bien par les candidats que par les opérateurs économiques partenaires.

 

Pour cette première année, le PAPJ a suscité un grand intérêt chez les jeunes, y compris des universitaires en quête de reconversion professionnelle. Sur une centaine des candidatures attendues, ce sont près de 500 jeunes qui ont finalement été enregistrés dans les délais impartis pour la manifestation d’intérêt. Ce faisant, l’objectif d’assurer la formation de 100 jeunes a été largement atteint. Les apprenants répartis dans différentes filières sont en formation, et certains déjà admis en immersion professionnelle. Cette première édition a été circonscrite à la province de l’Estuaire. Toutefois, pour les années à venir, nous ambitionnons d’étendre le PAPJ à l’ensemble du territoire national.

 

« Grâce au PAPJ, près de 500 jeunes sont en formation, et certains déjà admis en immersion professionnelle. »

 

La fondation Ma Bannière a aussi organisé une cérémonie spéciale le 3 mai aux centres hospitaliers universitaires (CHU) de Libreville et d'Owendo à l'occasion de la Journée internationale des sages-femmes, où 5 000 kits leur ont été remis pour garantir des accouchements plus sûrs et plus confortables. Comment procédez-vous pour choisir les actions à mener et les secteurs à cibler ?

 

Il importe de relever pour l’heure que la Fondation a cinq principaux axes d’intervention : la formation, la santé, l’éducation, la réinsertion et la sensibilisation. Ces axes nous orientent aussi bien dans le choix des actions à mener que dans celui des secteurs cibles. Nos actions sont orientées vers les besoins clairement exprimés par les populations. Pour le cas spécifique des kits d’accouchement, ce sont près de 100 000 kits qui ont été distribués sur toute l’étendue du territoire national, avec une couverture totale de toutes les structures publiques de la province de l’Estuaire. Ces dons soulagent des ménages ou des jeunes filles seules qui avaient jusque-là du mal à s’en procurer du fait de leur coût. Aujourd’hui, un kit complet est gratuitement remis à chaque parturiente dans les structures évoquées, y compris dans les centres hospitaliers régionaux des capitales provinciales. Nos actions dans le même sens vont s’étendre aux centres médicaux départementaux afin d’en faire bénéficier également les femmes de l’arrière-pays.

 

« En 2025, nous prévoyons la construction d’un complexe qui abritera un centre de réinsertion par la formation professionnelle, un centre médical et un centre d’accompagnement à l’addictologie. » 

 

La campagne présidentielle de 2025 menée et remportée par votre époux, et à laquelle vous avez été associée notamment dans les meetings, n'a-t-elle pas perturbé le calendrier et les activités de votre fondation ? Quelles sont les priorités de votre équipe en 2025 ?

 

La fondation Ma Bannière est une organisation apolitique, structurée autour d’un conseil d’administration et d’un bureau exécutif dont la gestion opérationnelle est assurée par une présidente, une secrétaire générale et les différents départements techniques. Par conséquent, mon engagement auprès de mon époux lors de la campagne présidentielle n’a eu aucune incidence sur le calendrier de la Fondation, où j’interviens en qualité de fondatrice et de présidente du conseil d’administration.

Dans le cadre de son fonctionnement optimal, les actions de la Fondation sont consignées dans un tableau de bord pluriannuel. Pour le cas spécifique de l’exercice 2025, nous avons entre autres actions prioritaires la construction d’un complexe qui abritera un centre de réinsertion par la formation professionnelle, un centre médical et un centre d’accompagnement à l’addictologie. Á cela s’ajoutent la construction d’un hôpital pédiatrique, la réhabilitation des structures sanitaires en zones rurales ainsi que la formation et l’insertion professionnelle des jeunes inscrits au Programme d’action professionnelle et au centre de compétences professionnelles et entrepreneuriales que nous avons mis en place conjointement avec l’université Omar Bongo, la plus grande université du pays.

 

Destinée à diversifier et renforcer vos partenariats, que représente l’arrivée probable du Groupe Appollo Africa comme futur donateur de votre fondation ? L'audience que vous avez récemment accordée à Libreville à une délégation de ce groupe a-t-elle été fructueuse ?

 

De nombreux partenaires, à l’instar du Groupe Apollo Africa, nous accompagnent et constituent l’épine dorsale de notre fondation. C’est ici le lieu de les remercier chaleureusement et d’inviter à nous rejoindre ceux qui veulent contribuer à cette noble tâche qui consiste à se mettre au service du bien-être de nos populations.

 

Propos recueillis par Serge-Henri Malet