Pouvez-vous nous présenter la Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et le Commerce (BSIC) ainsi que sa filiale BSIC Côte d’Ivoire, dont vous êtes le directeur général ?
Mamadou Pona : La Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et le Commerce (BSIC) est une banque communautaire avec un capital de 750 millions d’euros qui émane de la Communauté des États de la CEN-SAD. Les actionnaires sont essentiellement des États, dont la Côte d’Ivoire. Elle est présente dans 14 pays en Afrique, dont sept pays de l’UEMOA : Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal, Togo et Côte d’Ivoire. Les valeurs et la vision de notre Groupe bancaire sont la loyauté envers nous-mêmes et les clients, la responsabilité de nos choix et décisions, l’excellence dans la délivrance de nos prestations ainsi que l’engagement de satisfaire les besoins de nos clients et de demeurer un partenaire régional fiable en fournissant des services, des facilités et des solutions innovants et durables. La filiale de Côte d’Ivoire est en activité depuis janvier 2010 et totalise à ce jour 23 agences : 14 à Abidjan et 9 en province. Elle intervient dans tous les secteurs de l’économie nationale avec des produits et services bancaires diversifiés et adaptés aux besoins des particuliers, des professionnels, des PME, des grandes entreprises et des institutions. Nous intervenons dans tous les secteurs considérés comme prioritaires par l’État avec une capacité de syndication entre plusieurs filiales du Groupe.
Quelle a été l'évolution de vos chiffres clés de 2021 à 2023 ?
Ces trois dernières années, la banque a connu une bonne croissance dans son ensemble, avec une progression de plus de 62 % de son total bilan et de plus de 33 % du PNB, ainsi qu’une optimisation remarquable du coût du risque, qui a baissé de 42 % au 31 décembre 2023 par rapport à la même période sur 2022. Le point culminant de cette évolution reste le résultat net, passé à plus de 89 %.
Les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME) constituent plus de 90 % des entreprises de Côte d'Ivoire, contribuant au PIB à moins de 20 % et à 23 % de l'emploi formel. Comment BSIC Côte d'Ivoire les accompagne-t-elle ?
Les MPME sont généralement considérées comme l’épine dorsale de toute économie saine : elles stimulent la croissance, offrent des opportunités d’emploi et ouvrent de nouveaux marchés. Toutefois, si leur importance dans le développement économique est incontestable, elles affichent souvent des niveaux de risques élevés. En procédant à un examen de certains états financiers, on s’aperçoit qu’elles sont fragiles, notamment du point de vue financier. Nonobstant ces handicaps, BSIC Côte d'Ivoire accompagne les MPME dans leur développement en leur proposant une gamme de produits et de services adaptée tels que les Product Program, avec des financements par signature et/ou directs. BSIC Côte d’Ivoire les assiste pour élaborer leurs plans d’affaires, évaluer leur capacité à faire face à leurs engagements et à identifier les meilleures solutions de financement pour leurs projets de croissance et d’expansion. Pour consolider notre présence sur ce segment tout en mitigeant les risques afférents, BSIC Côte d’Ivoire a signé en 2023 une convention cadre avec le Fonds de solidarité africain (FSA) portant sur le partage de risque de perte finale. Cela augure de bonnes perspectives quant à l’amélioration soutenue de l’accès des MPME aux financements via notre guichet.
BSIC Côte d'Ivoire a décrété que 2024 serait l'année de la finance digitale. Quels projets numériques concrets avez-vous ?
En raison de l'évolution des comportements des consommateurs et de la prépondérance des technologies numériques, la banque a observé une augmentation de la demande des clients pour des services bancaires numériques. Il s’agit donc d’un levier de croissance et de compétitivité qui permet d’atteindre de nouveaux segments de clients, d'améliorer l'efficacité opérationnelle et de renforcer la satisfaction client. La banque, qui reconnaît l'importance de l'innovation continue pour rester compétitive dans un environnement bancaire en constante évolution, met l'accent sur les solutions numériques. Ainsi, en complément de son système d’information, BSIC Côte d'Ivoire a investi dans le développement et l'amélioration d'applications mobiles conviviales offrant aux clients un accès facile à leurs comptes ainsi que des fonctionnalités de paiement numérique allant de la gestion de budget aux opérations bancaires comme les virements, paiements de factures ou demandes de prêts via une plate-forme sécurisée : BSIC Net. Des partenariats ont été tissés avec plusieurs opérateurs de téléphonie mobile et certains grands facturiers de la place. Il en est de même pour nos offres de cartes prépayées monétiques Mastercard « contactless » et Visa, qui sont une solution flexible, sécurisée et pratique pour la gestion des dépenses quotidiennes ou exceptionnelles. BSIC Côte d'Ivoire positionne ainsi la finance digitale au cœur de ses activités, offrant des solutions modernes et innovantes à ses clients tout en privilégiant une expérience riche et aboutie.
Comment BSIC Côte d'Ivoire accompagne-t-elle la mise en œuvre du Plan national de développement (PND) 2021-2025 ?
BSIC Côte d'Ivoire accompagne le gouvernement dans la mise en œuvre de son Plan national de développement (PND) 2021-2025 de plusieurs manières. Elle fournit un financement direct à l'État à travers l'acquisition de titres, comme en témoigne la progression des encours sur effets publics à plus de 121 % ces trois dernières années, donc joue un rôle crucial dans la mise en œuvre des projets et initiatives inclus dans le PND, participant ainsi pleinement au développement économique et social du pays. BSIC Côte d'Ivoire accorde aussi des concours aux entreprises attributaires de commandes publiques à travers des engagements par signature et en trésorerie, contribuant au développement du tissu des PME-PMI qui interviennent dans la réalisation du PND.
Quelle est votre feuille de route pour 2024 et quelle stratégie comptez-vous déployer ?
Nous travaillons en 2024 à consolider les acquis des trois dernières années : maintenir la tendance haussière et bénéficiaire du résultat net, renforcer le niveau des fonds propres, dégager une marge plus importante en lien avec notre capacité de financement et consolider la maîtrise du coût du risque. Ces objectifs qualitatifs et quantitatifs nécessitent l’élargissement de la base clientèle – particuliers, professionnels et entreprises –, la mise en place d’une politique de diversification des emplois assortie d’une politique de crédit prudente, le développement des produits et prestations pour accroître la part des commissions dans le PNB, la poursuite de la modernisation de l’activité avec plusieurs produits digitaux, la présence auprès des États membres, dont la Côte d’Ivoire, pour des opérations sur le marché monétaire et le marché financier, et enfin le renforcement de notre engagement sociétal grâce à des initiatives RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).
Propos recueillis par Anna de Neuville