« Notre vision : élargir notre impact sur tout le tissu entrepreneurial ivoirien »

Faman Touré, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI), présente les grands chantiers de la mandature 2023-2029 et explique comment l’Accord de partenariat économique (APE) va intensifier les relations commerciales du pays avec l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni.

Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire

Quelles actions vont structurer la mandature 2023-2029  et comment s’y insère le PND 2021-2025 du gouvernement ? 

 

Faman Touré : Notre approche participative implique la consultation des élus de la mandature 2023-2029 pour établir notre vision et nos axes stratégiques. Bien que cela n'ait pas encore eu lieu, nous avons une idée claire des orientations à proposer. La notoriété de la CCI-CI a considérablement augmenté auprès des pouvoirs publics et des entreprises grâce à la qualité et à la diversité de ses services. Cependant, nos actions n'ont touché qu'un nombre relativement restreint d'entreprises, environ 5 000 par an, alors que le pays en compte environ 60 000. Nous aspirons donc à élargir notre impact pour servir une part encore plus importante du tissu entrepreneurial ivoirien, ce qui nécessitera un accroissement des ressources matérielles et financières.

Concernant le Plan national de développement (PND), le secteur privé, dont la CCI-CI fait partie intégrante, joue un rôle vital dans la mobilisation des investisseurs pour financer à hauteur de 74 % les projets identifiés. La CCI-CI promeut des secteurs clés tels que l'agro-industrie, le tourisme et le BTP, et elle soutient les PME et collabore avec le gouvernement pour représenter les intérêts du secteur privé et garantir une mise en œuvre rigoureuse du PND.

 

Votre institution a récemment signé un accord-cadre de coopération avec l’agence Côte d’Ivoire Export pour appuyer les entreprises ivoiriennes à l’international. Comment ce partenariat facilitera-t-il l’accès des PME à ces marchés ?

 

Nous soutenons activement les entreprises dans leur expansion internationale en deux phases clés. Tout d'abord, nous renforçons leurs capacités à saisir les opportunités mondiales. Cela implique des programmes de formation sur les réglementations, les procédures d'import-export et le commerce international. Nous les accompagnons également dans l'obtention de certifications et les aidons à structurer leur entreprise afin de se positionner de manière compétitive sur le marché mondial. Ensuite, nous facilitons les rencontres avec ces opportunités en les guidant lors de foires, de salons et de rencontres B to B ou B to G, et nous organisons des forums économiques pour présenter les opportunités d'affaires en Côte d'Ivoire et à l'étranger. La coordination étroite entre l'agence Côte d'Ivoire Export et la CCI-CI est essentielle pour soutenir et accompagner efficacement les entreprises ivoiriennes dans leur développement international.

 

Dans le cadre du PND 2021-2025, la Côte d’Ivoire veut accroître son taux d’investissement pour atteindre d’ici à 2030 le statut de pays à revenu intermédiaire de tranche supérieure en prévoyant d’ici à 2025 des investissements à hauteur de 27,1 % du PIB. Selon les analyses de la CCI-CI, est-ce réalisable ?

 

L’objectif de 27,1% de taux d’investissement est largement réalisable. En effet, ce taux était déjà de 22,7 % en 2020, selon le diagnostic du PND. L’effort demandé consiste à le faire progresser de 5 points. Le niveau des opportunités d’investissement dans le pays rend cette performance possible puisque la Direction générale de l’Économie estime le taux d’investissement à 27,2 % en 2023, avec 17,5 % pour le secteur privé et 9,8 % pour le secteur public.

 

« Les opérateurs ivoiriens ont pleinement bénéficié de la Coupe d’Afrique des Nations. »

 

En 2023, vous avez accueilli plusieurs délégations de l’UE ainsi qu’une trentaine de dirigeants d’entreprises britanniques qui ont pris part à divers forums économiques, dont Trace & Inversement London Business Trip 2023. Les échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire, l’UE et le Royaume-Uni, déjà dynamiques, vont-ils s’intensifier ?

 

Le volume des échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et une zone particulière du monde dépend fortement des conditions créées par les gouvernants pour faciliter le commerce. L’Accord de Partenariat Économique (APE) avec l’Union européenne et le Royaume-Uni est un atout majeur pour le développement des relations commerciales avec ces partenaires. L’Europe est un partenaire traditionnel de la Côte d’Ivoire car de nombreuses multinationales européennes y opèrent depuis plusieurs années en ayant pour marché principal leurs pays d’origine. Nous travaillons également à lever les contraintes liées à la certification des produits et au respect des normes européennes. Les échanges commerciaux avec l’Europe continueront à croître, tout comme ceux avec d’autres pays, dans le cadre d'une diversification des partenaires commerciaux de la Côte d’Ivoire à l’échelle mondiale.

 

Après la réussite de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en termes d’organisation, les retombées économiques de 2023 sont-elles au rendez-vous pour les entreprises ivoiriennes ?

 

Les opérateurs économiques ivoiriens ont pleinement bénéficié de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). La Côte d’Ivoire, en tant que pays organisateur, a suscité un engouement continu tout au long de l'événement. La CCI-CI a joué un rôle clé dans la préparation de ses ressortissants afin qu’ils tirent profit de la CAN. En amont des compétitions, nous avons collaboré avec le COCAN pour présenter les opportunités d’affaires et les exigences associées. Nous avons également sensibilisé les opérateurs économiques sur la nécessité de se préparer pour saisir ces opportunités. Durant la compétition, nous avons facilité la participation des PME aux Fan Zones et aux espaces d'exposition, leur offrant ainsi une vitrine pour promouvoir leurs produits et services. Parallèlement, en partenariat avec le CEPICI, les autorités locales de Bouaké et Korhogo, ainsi que les ambassades des pays participants, nous avons organisé des forums économiques. Ces événements ont permis de mettre en avant les opportunités économiques locales et de favoriser les partenariats avec les acteurs étrangers. Les retours de nos enquêtes montrent un taux de satisfaction dépassant les 90 %, révélant l'impact positif de ces initiatives sur les opérateurs économiques.

 

Pour 2024, quelles sont les priorités inscrites sur votre feuille de route ?

 

Pour l'année 2024, nos priorités sont définies dans le cadre de la nouvelle mandature entamée depuis la mi-2023. Nous accordons une importance particulière à la formation des élus, dont plus de 40 % sont nouveaux, afin d'assurer une compréhension commune du rôle et du fonctionnement de notre institution consulaire. En parallèle, nous élaborerons une vision, des axes stratégiques et des activités, aboutissant ainsi à un plan de mandature et à un plan d’action opérationnelle pour l'année à venir. Pendant ce temps, nous poursuivrons nos activités ordinaires de représentation, d'appui aux entreprises, de formation et de gestion des services concédés. Nous avons également prévu d'organiser un événement majeur de dimension internationale en faveur de nos ressortissants en vue de marquer notre engagement envers leur développement et leur succès. 

 

Propos recueillis par Paul de Manfred