« Nous allons œuvrer à restaurer l’orthodoxie financière »

Thècle Wilfried Nzamba Mangala, directeur général du Budget et des Finances publiques (DGBFIP), indique qu’en 2025, il va s’employer aux côtés des autres administrations à améliorer le suivi des investissements publics pour s’assurer de la coherence des projets et du respect des capacities budgétaires.

 

Quelles sont les missions de la direction générale du Budget et des Finances publiques ?

 

Thècle Wilfried Nzamba Mangala : La DGBFIP a pour mission de mettre en œuvre la politique budgétaire et des finances publiques de l’État. Á ce titre, elle est notamment chargée d’élaborer le projet de loi de finances, de suivre et de piloter l’exécution du budget de l’État ainsi que d’assurer la liquidation des rémunérations servies aux personnels. Elle doit aussi évaluer la performance des dépenses publiques, autoriser et valider les opérations d’emprunt et de mobilisation des bons et obligations du Trésor assimilables et veiller à la soutenabilité budgétaire. Pour ce travail, la DGBFIP compte plusieurs directions dont la direction du Suivi et de la Régulation de l’exécution budgétaire (DSREB), la direction de la Préparation et de la Programmation budgétaire (DPPB) et la direction du Suivi des investissements publics (DSIP).

 

Quelles étaient les caractéristiques du budget 2024, sachant que l’action du gouvernement de la Transition a été marquée par un fort enjeu électoral ?

 

L’exercice budgétaire 2024 se caractérise par l’élaboration d’une loi de finances rectificative en raison de l’évolution de la conjoncture et des recettes dépassant sensiblement les prévisions de l’année. Le budget 2024 répondait à la nécessité de prendre en compte les très hautes instructions de Son Excellence général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, président de la République, chef de l’État, relatives à l’organisation du Dialogue national inclusif et du référendum, à la régularisation des situations administratives et aux recrutements, au respect des engagements internationaux, au paiement des rappels – dette aux agents de l’État –, et enfin aux projets prioritaires du gouvernement de la Transition. L’organisation du Dialogue national inclusif et du référendum font partie de la feuille de route du gouvernement pour 2024. La prise en charge de ces dépenses s’élève respectivement à 6,787 milliards (Mds) et 27,040 Mds de FCFA. En ce qui concerne la régularisation des situations administratives et les recrutements, une enveloppe de 46,099 Mds a été prévue. Quant au respect des engagements internationaux, le budget 2024 consacre un montant de 1 952,227 Mds au remboursement des dettes financières, qui comprend 388,384 Mds d’intérêts et 1 563,843 Mds d’amortissements de prêts. Enfin, pour répondre à la politique sociale prônée par les plus hautes autorités, le budget 2024 consacre 18 Mds à la prise en compte de la dette aux agents de l’État, notamment les rappels de retraites.

 

Dans votre gouvernance à la DGBFIP, quelle place accordez-vous à la formation ?

 

La formation et le perfectionnement contribuent à l’amélioration des connaissances, aptitudes et attitudes de l’agent en vue de réaliser les objectifs du service public auquel il appartient et d’assurer de manière efficace et efficiente les prestations servies aux usagers. Dans cette optique, la DGBFIP a organisé en 2024 plusieurs sessions de formation à destination des contrôleurs budgétaires, des directeurs centraux des affaires financières (DCAF) et des autres agents. Y ont été abordés les thèmes de l’éthique et la déontologie administrative, la maîtrise des fondamentaux de la budgétisation par objectif de programme, la rédaction administrative et les mutations de la fonction RH. Chaque année, en fonction des besoins exprimés par les différents responsables (directeurs), un plan de formation est élaboré, et les séminaires ont lieu de façon continue sur l’année.

 

Quelles seront vos priorités en 2025 ?

 

Les priorités d’un directeur général du Budget varient en fonction du contexte économique, des axes stratégiques du gouvernement et des politiques publiques en cours. Cela étant,  je préfère parler d’ambitions. Nous comptons mettre en place le budget de l’État dès janvier 2025. En effet, sous l’impulsion des plus hautes autorités, le budget de l’année 2024 a été mis en place en janvier, ce qui est assez remarquable au regard de ce qui se faisait avant. Pour assurer la continuité, l’objectif principal est d’ouvrir les crédits budgétaires à la consommation courant janvier 2025. Á cela s’ajoute le renforcement du suivi et du contrôle de la dépense publique afin de rendre effectif le plan d’engagement 2025 en tenant compte des priorités nationales dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la sécurité, etc. Par ailleurs, il faudra œuvrer à restaurer l’orthodoxie financière pour limiter les déficits et travailler à respecter les engagements budgétaires, notamment vis-à-vis des institutions internationales : FMI, Banque mondiale, Banque africaine de développement, etc. Une autre de mes ambitions sera d’améliorer le suivi des investissements publics afin de s’assurer que les projets d’investissement à long terme sont cohérents avec les priorités économiques et respectent les capacités budgétaires, ainsi que de moderniser la gestion budgétaire et de digitaliser certaines procédures afin d’introduire des outils et processus modernes pour améliorer la transparence et la prévisibilité budgétaires tout en promouvant la digitalisation. Enfin, nous allons œuvrer à l’amélioration du dialogue avec le Parlement en vue d’expliquer et de défendre les choix budgétaires devant les commissions parlementaires.

 

Propos recueillis par Serge-Henri Malet