En 10 ans de présence sur le marché ivoirien de la mésofinance, COFINA Côte d’Ivoire a prouvé la pertinence de ce modèle spécifiquement dédié au soutien des entrepreneurs, des micros, petites et moyennes entreprises.
COFINA Côte d’Ivoire célèbre cette année ses 10 ans d’existence. Quels défis avez-vous dû relever et que retenir de vos réalisations et chiffres clés ?
Sié Amed Touré : Effectivement, le Groupe COFINA célèbre sa première décennie dans le paysage financier ivoirien. En tant que précurseur de la mésofinance, les défis furent nombreux. Au début, la principale difficulté était de construire une base solide de clients et de partenaires. Nous devions, grâce au travail acharné de nos équipes, leur inspirer confiance, démontrer la valeur ajoutée de nos produits financiers adaptés aux besoins locaux et faire la preuve de la pertinence de notre modèle. Au fil des ans, pour mieux répondre aux besoins financiers des communautés ivoiriennes, nous avons mis l'accent sur la proximité en élargissant notre réseau d'agences dans la capitale et quelques villes stratégiques. Nous avons aussi développé des produits financiers innovants dédiés aux entrepreneurs, TPE et PME, contribuant ainsi au développement économique local.
COFINA Côte d’Ivoire comptabilise aujourd’hui plus de 80 000 clients depuis le démarrage. Les clients actuels sont gérés par plus de 400 collaborateurs, dont 50 % de femmes, déployés dans un réseau de 22 agences et 25 points de distribution à travers le pays. Avec plus de 42 000 projets d’entreprise financés depuis sa création, COFINA Côte d’Ivoire a injecté plus de 410 milliards de FCFA dans l’économie locale.
Comment COFINA Côte d’Ivoire a pu devenir leader de la mésofinance et se hisser dans le trio de tête des systèmes financiers décentralisés (SFD) en Côte d'ivoire et en zone UEMOA ?
Le succès de notre institution panafricaine dans le financement des PME découle de notre approche centrée sur le client, de notre expertise en matière de services financiers adaptés aux besoins des entrepreneurs et de notre engagement en faveur de l'inclusion financière. En investissant dans des technologies innovantes et en développant des produits financiers flexibles, nous avons pu répondre efficacement aux besoins de nos clients et gagner leur confiance. De plus, notre expansion stratégique nous a permis de consolider notre position de leader à Abidjan, et nous cherchons désormais à gagner des parts de marché à l’intérieur du pays.
Que pensez-vous de l'offensive des banques commerciales qui font de la microfinance une nouvelle niche pour accroître leur rentabilité ?
L'essor de la microfinance a été remarquable dans son rôle de soutien aux populations à faible revenu. L’entrée des banques commerciales dans ce domaine témoigne de la viabilité du marché de la microfinance et de son potentiel de rentabilité. Cela met également en exergue l’importance de la préservation de l'inclusion financière et de l'impact social. En ce qui nous concerne chez COFINA, cela nous conforte dans notre positionnement sur la mésofinance, ce « chaînon manquant » entre la banque classique et la microfinance.
En mars 2023, la CNPS et COFINA ont signé une convention pour l'enrôlement des travailleurs indépendants, qui constituent plus de 80 % de votre portefeuille. Ont-ils manifesté un intérêt pour les prestations offertes par la CNPS ?
Ce partenariat avec la CNPS revêt une grande importance, car il renforce notre engagement envers la protection sociale et le bien-être financier de nos clients, en particulier les travailleurs indépendants. En permettant leur enrôlement et la collecte de leurs cotisations, nous contribuons à améliorer leur accès à la sécurité sociale et à renforcer leur résilience financière. Nous avons constaté un intérêt croissant de nos clients pour les prestations offertes par la CNPS, ce qui démontre la pertinence de ce partenariat.
Qu’attendez-vous de la convention de financement de 16 millions d'euros signée en septembre 2023 entre le Groupe COFINA et la Banque européenne des investissements (BEI) avec le concours du Fonds européen de développement durable plus (EFSD+) ?
La convention de financement avec la BEI et l'EFSD+ représente une opportunité significative pour le développement des PME-PMI ivoiriennes. Grâce à ces fonds, nous sommes en mesure d'élargir notre offre de services financiers aux entreprises en leur fournissant un accès accru au crédit et à d'autres formes de soutien financier. Nous accompagnons certains acteurs de la chaîne de valeur agricole dans la transformation de leur culture, notamment le cacao, l’anacarde et les cultures vivrières. Nous contribuons à l’amélioration de leur rendement en leur apportant des solutions qui facilitent l’autonomisation de leur chaîne de production. Notre objectif est de stimuler la croissance économique et la création d'emplois dans le pays, renforçant ainsi le tissu économique local et contribuant au développement durable.
Et la convention de financement de 14 millions d'euros signée en janvier avec British International Investment ?
Cette convention de financement avec British International Investment ouvre aussi de nouvelles perspectives. Avec une quote-part de 30 % réservée aux entreprises détenues ou dirigées par des femmes, ces fonds seront utilisés pour soutenir les PME-PMI. Nous nous attendons donc à un renforcement de leur accès à des crédits indispensables à leur croissance, ce qui contribuera à la création d'emplois et à la réduction des inégalités financières basées sur le genre tout en stimulant l'innovation, la compétitivité et la création de valeur ajoutée dans l'économie ivoirienne.
Comment ont évolué les agrégats financiers entre 2022 et 2023, et quelles sont les perspectives pour 2024 ?
Malgré la crise internationale de 2023 et les défis du secteur, nous connaissons ces trois dernières années une croissance moyenne solide et soutenue de 30 % de nos encours de crédit et des ressources clientèle. Nous sommes fiers d'avoir contribué à l'inclusion financière en Côte d'Ivoire et d'avoir soutenu la croissance des entrepreneurs, des TPE et des PME.
Pour l'année 2024, nous visons à renforcer notre position sur le marché national en étendant notre présence à de nouvelles villes de l’intérieur. Nous continuerons à innover dans nos produits et services, à investir dans notre capital humain et à renforcer nos partenariats stratégiques pour soutenir la croissance économique et le développement durable dans la région.
Propos recueillis par Andju Ani