« Sur le chantier de la CAN, nous avons été un acteur majeur »

Kinapara Coulibaly, directeur général du Bureau d’Études Techniques et de Développement (BNETD), indique que le c’est avec 70 % des projets réalisés que Plan stratégique BNETD 3.5 2021-2024 arrive à son terme. Il détaille aussi les quatre axes stratégiques de ce plan.

 

Concernant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2023 qui vient de se dérouler dans votre pays, quel a été l’apport du BNETD pour la construction et la réhabilitation des différents stades ? 

 

Kinapara Coulibaly : Le BNETD a joué un rôle clé dans le succès de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football organisée dans notre pays. L’entreprise a dirigé divers projets cruciaux incluant la construction et la réhabilitation des infrastructures sportives et connexes telles que les routes, les hôpitaux et les aéroports. Dans sa mission d’assistance technique au maître d’ouvrage, le BNETD a élaboré et suivi les dossiers techniques, les contrats d’entretien et de maintenance, tout en supervisant l’exécution des travaux. En matière d’infrastructures sportives, le BNETD est intervenu dans la construction de 6 stades de compétition – 3 réhabilités (Ebimpé, FHB, Bouaké) et 3 construits (Korhogo, San-Pedro, Yamoussoukro) – et 24 terrains d’entraînement. Nous sommes également intervenus dans les amenées des réseaux d’eau potable, d’électricité, d’assainissement et de TIC sur chaque site de la CAN. Enfin, le BNETD a rigoureusement veillé au bon fonctionnement des installations techniques des stades avant chaque match en corrigeant tout dysfonctionnement signalé pour garantir la bonne tenue des matchs.

 

Le FMI a octroyé à la Côte d’Ivoire une ligne de crédit de 1,3 milliard de dollars pour mieux préparer sa transition écologique. Le réchauffement climatique menace particulièrement les filières agricoles comme le cacao. En tant que service d’assistance-conseil dans le domaine agricole, le BNETD prend-il en compte ce paramètre ?

 

Ce financement vise à renforcer l'adaptation au changement climatique et à atténuer ses effets, notamment dans les secteurs de l'agriculture, du transport et des infrastructures. Le BNETD joue un rôle consultatif et d'assistance auprès de l’État de Côte d'Ivoire, principalement sur demande de ce dernier. Son intervention dans le secteur agricole se limite aux études commandées par des entités comme le ministère de l’Agriculture. Cependant, le BNETD se positionne également comme une force de proposition en initiant des études sur les défis du secteur agricole à travers son département Agriculture et Développement rural (DADR). Reconnaissant l'impact direct du changement climatique sur l'agriculture, secteur particulièrement vulnérable en raison de sa dépendance aux pluies, de la faible maîtrise de l'eau et de la mécanisation limitée, le BNETD a entrepris plusieurs actions. Il a mené une étude pour mettre en place un système d'information agro-climatique et de surveillance des risques de menaces aux cultures afin de fournir un outil d’alerte précoce aux acteurs agricoles. Des études sur l'utilisation de l'eau des barrages hydroélectriques pour l'agriculture ont également été initiées, comme celle concernant le barrage de Buyo pour la production de bananes plantains. En collaboration avec l'Union européenne, le BNETD a réalisé une carte d’occupation des sols pour la filière café-cacao. En outre, il dispose d'un département Environnement qui, depuis la promulgation du code de l'Environnement en 1996, effectue des évaluations environnementales et élabore des plans de réinstallation des populations affectées par les projets de développement, intégrant ainsi les contraintes environnementales et sociales. Le BNETD contribue aussi à des projets de mitigation du changement climatique comme la production de biogaz à partir de la restauration de l’ex-décharge d’Akouédo, et soutient le développement des énergies renouvelables. 

 

« Le BNETD soutient le développement des énergies renouvelables. » 

 

Le Plan stratégique BNETD 3.5 pour la période 2021-2024 va s’achever. Quel bilan dressez-vous à quelques mois de son terme ?  

 

Ce plan arrive à son terme avec 70 % des projets réalisés. Ce plan s'inscrit dans la mission du BNETD qui est de « Façonner la Côte d’Ivoire et l’Afrique de demain » et repose sur quatre axes stratégiques. Á travers le premier axe, le BNETD participe au développement du pays en alignant ses projets avec le Plan national de Développement (PND) 2021-2025. Parmi les projets adoptés, deux sont significatifs : la transformation numérique avec la mise en place de Datacenters pour héberger les services de l’État, et le développement agricole avec la création de complexes agricoles en aval des barrages hydroélectriques. Le deuxième axe vise à améliorer la performance et l'efficacité du BNETD. Nous parlons ici d’efficience opérationnelle, dont l’un des principaux projets est la mise en production d'un ERP (Enterprise Resource Planning) pour accroître l'agilité de production. Le développement des ressources humaines constitue le troisième axe de notre plan stratégique, avec un accent particulier sur l'éthique. D’ailleurs, une Charte d'éthique a été élaborée et intégrée dans les évaluations de risques pour garantir des pratiques conformes aux normes éthiques. Le quatrième axe concerne la diversification de nos sources de revenus et de financements. Nous avons eu l’opportunité de capitaliser sur les vastes chantiers lancés par l’État auxquels nous avons énormément contribué. Le chantier le plus récent, la CAN 2023, sur lequel nous avons été un acteur majeur, constitue une réussite nationale à forte valeur ajoutée pour le BNETD.

 

Le BNETD a récemment rendu publique la carte d’occupation des sols 2020. Qu’est-ce qu’une carte nationale d’occupation des sols, à quoi sert-elle exactement et à qui est-elle destinée ?

 

Une carte nationale d’occupation des sols représente géographiquement la répartition des terres d’un pays en caractérisant, selon des normes internationales harmonisées, le type de couverture biophysique. Elle identifie des milieux homogènes tels que les terres agricoles, les forêts (denses et dégradées), les cours d’eau et les habitats humains, puis les restitue sous forme de carte. Cette carte offre une vue d’ensemble de l’occupation des sols à l’échelle nationale et une vision détaillée à une échelle locale (région ou district) pour certaines occupations des sols. 

Les informations qu'elle contient sont précieuses pour la gestion des ressources et l’aménagement du territoire. Elle est particulièrement utile pour la gestion des ressources naturelles et contribue aux efforts de lutte contre la déforestation et d’atténuation du changement climatique, par exemple dans la gestion de l’eau ou de l’agriculture. L’étude des changements de l’occupation des sols dans le temps aide à comprendre la dynamique des ressources naturelles et agricoles et leur utilisation. Ces informations peuvent éclairer les décisions et politiques publiques de développement, permettant le suivi de leurs impacts comme la conservation ou la restauration des forêts, et l’orientation des investissements des opérateurs dans différentes filières, notamment au niveau de leur bassin d’approvisionnement. Avec les nouvelles exigences pour la production ou l’exportation de produits agricoles comme la norme africaine ARS 100 et la norme européenne RDUE, la carte nationale d’occupation des sols est un outil essentiel pour la mise en conformité des opérateurs.

 

Propos recueillis par Serge-Henri Malet