« Un déploiement progressif dans les neuf provinces du Gabon à l’horizon 2028 »

Daisy-Helen Eyang Ntoutoume, directrice générale de la BCEG, présente le mécanisme inédit de financement direct dédié aux TPE-PME. Elles bénéficient de lignes de crédit émanant deux fonds structurants : le FAMAD, doté de 20 milliards de FCFA, et le fonds CARTER, d’une valeur de 5 milliards de FCFA.

 

Pourquoi les autorités de la Transition ont-elles œuvré à la création de la Banque pour le Commerce et l’Entrepreneuriat (BCEG) ouverte en décembre 2024 ? Concrètement, quelles sont ses missions ?

 

Daisy Hélène Eyang Ntoutoume : La création de la Banque pour le Commerce et l’Entrepreneuriat du Gabon (BCEG) s’inscrit pleinement dans la vision du président de la République, chef de l’État, Son Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema, de soutenir l’économie réelle et de promouvoir une inclusion financière élargie. La BCEG a été pensée comme une réponse concrète aux besoins de financement des TPE, PME, jeunes entrepreneurs et acteurs du secteur informel, en leur offrant une solution bancaire accessible, adaptée et résolument orientée vers le développement local.

 

Quelle cadence allez-vous donner à l’ouverture d’agences dans les neuf provinces du Gabon à cette 8e banque du pays, et la 2e avec BGFI Bank à être contrôlée par des capitaux nationaux ? Cette politique de proximité peut-elle accroître l’actuel taux de bancarisation, de 30 % au Gabon ? 

 

Conformément à notre feuille de route, nous avons engagé un déploiement progressif dans les neuf provinces du Gabon à l’horizon 2028, avec une cadence moyenne de trois à quatre agences par an. Ce maillage territorial, combiné à des solutions digitales innovantes et à des partenariats locaux ciblés, nous permettra d’élargir significativement l’accès aux services financiers et de contribuer à faire progresser le taux de bancarisation, aujourd’hui en effet limité à environ 30 %. 

 

Quels sont vos effectifs ?

 

Depuis le lancement officiel de nos activités en décembre 2024, la BCEG a démarré avec une soixantaine de collaborateurs. À mesure que notre réseau se développe, nous prévoyons de créer entre 150 et 200 emplois directs supplémentaires d’ici à 2028, tant au niveau des agences que des fonctions support. 

 

Quels produits et services proposez-vous pour répondre aux besoins des PME-PMI et TPE ? 

 

La BCEG a été conçue pour répondre de manière concrète et ciblée aux besoins des entrepreneurs gabonais. Nous développons une offre structurée autour des réalités du terrain et qui combine des lignes de crédit souples, des comptes professionnels adaptés, des solutions de financement du fonds de roulement et un accompagnement personnalisé à chaque étape du parcours entrepreneurial. En parallèle, nous mettons à la disposition de nos clients des services numériques performants afin de leur garantir une gestion fluide, moderne et accessible de leurs opérations, quel que soit leur lieu d’activité. Notre ambition est de faire de la BCEG un acteur central de l’écosystème entrepreneurial gabonais, capable de renforcer l’inclusion financière et de soutenir efficacement les porteurs de projets sur l’ensemble du territoire.

 

C’est dans cette dynamique que nous avons lancé l’Atelier de la PME, un programme phare conçu comme un véritable accélérateur de projets. Il offre aux entrepreneurs un cadre intégré et progressif comprenant le diagnostic individualisé, la structuration juridique et financière ainsi que des formations techniques et managériales via nos partenaires spécialisés. Ce dispositif offre également un suivi post-financement rigoureux, avec des outils de pilotage, des indicateurs de performance et un accompagnement durable. Avec ce dispositif innovant, la BCEG s’engage à transformer les idées en entreprises viables, et à faire émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs gabonais structurés, compétitifs et moteurs de la transformation économique nationale.

 

« Le renforcement de nos capacités passe par l’ouverture à des partenariats stratégiques avec les bailleurs de fonds. »

 

Les PME sont indispensables à la croissance économique. Mais concrétiser leurs projets de développement nécessite un accès au financement. À cet égard, quelle est la portée de l’accord de garantie de 5 milliards de FCFA conclu entre la BCEG et la Société de Garantie du Gabon (SGG) pour les PME et TPE ?

 

Les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) représentent un pilier fondamental de l’économie gabonaise. Pourtant, leur accès au financement reste souvent entravé par l’insuffisance de garanties réelles. C’est pour répondre à cette problématique structurelle que la BCEG a conclu un accord de garantie stratégique de 5 milliards de FCFA avec la Société de Garantie du Gabon (SGG). Cet accord vise à réduire sensiblement les exigences de garantie imposées aux entrepreneurs, en particulier les jeunes, les femmes et les structures en phase de démarrage. Il permet à la SGG de garantir jusqu’à 50 % des prêts sollicités, dans la limite de 50 millions de FCFA, avec une couverture pouvant atteindre 75 % pour les femmes entrepreneures. Il s’agit là d’une avancée significative en matière d’inclusion économique et de valorisation du leadership féminin. Ce mécanisme repose sur une logique de partage de responsabilités, tout en assurant un encadrement rigoureux du risque bancaire. Il renforce ainsi l’une des missions fondamentales de la BCEG, qui est d’élargir durablement l’accès au financement de manière responsable, structurée et inclusive. Associé à notre dispositif d’accompagnement technique personnalisé, notamment via l’Atelier de la PME, cet outil permet de sécuriser, structurer et accélérer la croissance des projets entrepreneuriaux sur l’ensemble du territoire.

 

L’idée de solliciter le concours des bailleurs de fonds en vue de renforcer vos capacités est-t-elle en réflexion ? 

 

Le renforcement de nos capacités passe par l’ouverture à des partenariats stratégiques avec les bailleurs de fonds, afin de mobiliser des ressources complémentaires et de bénéficier d’expertises ciblées. Cette démarche vise à consolider notre impact en matière de financement inclusif et d’accompagnement entrepreneurial, en ligne avec les priorités nationales.

 

Quels sont les buts visés par le président Brice Clotaire Oligui Nguema avec le projet « Aidez-moi à vous aider », qui a donné lieu à la création d’un premier fonds logé à la BCEG pour un montant de 20 milliards de FCFA dédié à l’atelier de la PME, et d’un deuxième fonds de 5 milliards de FCFA appelé CARTER en faveur de l’agriculture ?

 

Avec le projet « Aidez-moi à vous aider », Son Excellence le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema a initié un mécanisme inédit de financement direct des entrepreneurs, et la BCEG en est le bras opérationnel. Deux fonds structurants en découlent : le FAMAD, doté de 20 milliards de FCFA, destiné à soutenir les TPE-PME et adossé à l’Atelier de la PME, et le Fonds CARTER, doté de 5 milliards de FCFA, dédié au financement de l’agriculture. Le FAMAD accompagne la création et la structuration de projets viables dans les secteurs clés de l’économie grâce à un dispositif complet : diagnostic, formation, mentorat et accès au crédit. Quant au Fonds CARTER, il facilite l’accès au financement pour les agriculteurs et les jeunes agripreneurs à des taux zéro ou préférentiels, avec un accompagnement technique adapté aux réalités du secteur. Ces deux outils traduisent la volonté du président de stimuler la transformation économique par le bas, en redonnant confiance aux forces vives du pays. La BCEG, par cette approche intégrée, entend devenir un acteur central du développement entrepreneurial et territorial.

 

Comment la BCEG que vous dirigez s’inscrit-elle dans le projet de société du président « Bâtissons l'Édifice Nouveau », et quelles ont été ses actions durant les 100 premiers jours de cette Ve République ?

 

La BCEG s’inscrit pleinement dans la mise en œuvre du projet de société du président de la République « Bâtissons l’Édifice Nouveau » en mobilisant ses ressources au service de la refondation économique du Gabon. Notre engagement est total pour accompagner cette vision présidentielle, en mettant l’inclusion financière, l’appui à l’entrepreneuriat et la proximité territoriale au cœur de notre action. Dans le cadre des 100 premiers jours de la Ve République, nous avons lancé une série d’initiatives concrètes : ouverture de nouvelles agences en région, déploiement de solutions digitales pour élargir l’accès aux services bancaires et financement de projets prioritaires dans les secteurs productifs, notamment via les fonds FAMAD et CARTER. Ces actions visent à soutenir activement les TPE, PME, jeunes entrepreneurs et acteurs du monde rural afin de stimuler la création d’emplois, de renforcer les chaînes de valeur locale et d’impulser une dynamique de croissance inclusive. Par cette mobilisation, la BCEG entend jouer pleinement son rôle de catalyseur du développement économique au service des forces vives de notre pays.

 

Propos recueillis par Paul de Manfred