Amadou Koné, ministre des Transports et député de Bouaké, a aussi la volonté de devenir maire de cette localité à la faveur des élections municipales du 2 septembre prochain. Il nous brosse un aperçu des progrès enregistrés dans les domaines du transport terrestre, aérien, ferroviaire et portuaire.
Quel est le bilan global de votre département en 2022 et 2023 par rapport à 2021 ?
Amadou Koné : Compte tenu de l’importance du secteur des transports dans l'économie ivoirienne où il représente entre 7 et 12 % du PIB, le gouvernement a entrepris plusieurs réformes pour le rendre plus dynamique et compétitif. En 2022, l'accent a été mis sur la mise en œuvre effective de ces réformes, notamment en vue de la Coupe d'Afrique des Nations 2023 accueillie par la Côte d'Ivoire. Des progrès significatifs ont été enregistrés dans les domaines du transport terrestre, aérien, ferroviaire et portuaire.
Dans le secteur du transport routier, la lutte contre l'incivisme routier a été une priorité gouvernementale tout au long de l'année. La Côte d'Ivoire enregistre un taux élevé d'accidents de la route, avec plus de 12 000 accidents corporels, plus de 1 200 décès et plus de 21 000 blessés chaque année. Pour réduire ce fléau de moitié d'ici à 2030, le gouvernement a adopté une stratégie nationale de sécurité routière en juillet 2021. Depuis le lancement de cette stratégie, une baisse de 44 % des accidents a été constatée dans le district d'Abidjan.
D’importantes mesures ont été prises, comme le démarrage de la vidéoverbalisation, la digitalisation des procédures de délivrance de documents et titres de transport routier, l’instauration du permis à points, l’instauration de nouvelles plaques d’immatriculation informatisées des véhicules, ou encore la réactivation de la commission spéciale de suspension et de retrait de permis de conduire pour les chauffeurs indélicats. Le gouvernement poursuit également sa politique de renouvellement du parc automobile. Aujourd’hui, à ce niveau, grâce à l’unité d’assemblage mise en place à la Société des Transports Abidjanais (SOTRA), plusieurs véhicules « made in Côte d’Ivoire » ont été mis à la disposition des transporteurs.
Dans le domaine du transport aérien, la Côte d'Ivoire vise à faire d'Abidjan le hub aéroportuaire de la sous-région ouest-africaine. Des investissements importants ont été consentis pour moderniser les aéroports ivoiriens et renforcer leur sécurité.
Après les États-Unis d’Amérique, d’autres liaisons aériennes directes ont été établies avec de nombreux pays, dont le Qatar. Les aérogares de plusieurs villes de l'intérieur du pays sont en cours de réhabilitation et d'extension, notamment à Korhogo et San Pedro.
Dans le domaine ferroviaire, la construction du métro d'Abidjan est en cours, avec pour objectif de transporter plus de 500 000 passagers par jour à partir de fin 2025. Un projet de Bus Rapid Transit (BRT) est également en cours pour faciliter le trajet entre Yopougon et Bingerville.
En ce qui concerne le secteur portuaire, le gouvernement a accéléré les travaux d'élargissement et d'approfondissement du canal de Vridi à Abidjan, dans le but de faire du port d'Abidjan un hub régional. Des partenariats ont été établis avec le groupe marocain Tanger MED pour développer un pôle économique autour du Port autonome.
Au titre de la mobilité urbaine, quels sont vos projets en cours de réalisation ?
Outre l'extension du parc automobile de la SOTRA, les travaux pour la réalisation du métro d'Abidjan ont été initiés, de même que ceux du BRT. La politique de renouvellement du parc automobile est en cours et la lutte contre l'incivisme routier représente une priorité gouvernementale. Le concept de mobilité doit être appréhendé comme un développement intégré des moyens de transport afin de fournir aux citoyens davantage de confort et de commodité. Concrètement, il s'agit de mettre en pratique toutes les mesures que nous adoptons pour faciliter les déplacements des populations dans les métropoles. Je suis d'avis que l'établissement d'un système de transport en commun de qualité engendrera une réaction en cascade chez les entreprises privées de transport, les incitant à moderniser leurs infrastructures. Cette démarche contribuera à l'amélioration qualitative de la mobilité urbaine.
Plusieurs problématiques liées à l'organisation des transports dans le Grand Abidjan m'ont justement incité à instituer une autorité de régulation, dans le but d'instaurer une meilleure structure et organisation du secteur des transports à Abidjan, modèle que nous déploierons dans l'ensemble du pays.
« Faire du port d'Abidjan un hub régional. »
Élu député en 2021 à Bouaké, vous êtes aussi l’une des figures montantes du RHDP. Quels sont vos atouts pour les municipales de septembre prochain lors desquelles vous serez candidat dans la ville de Bouaké ?
Bouaké est une cité qui m’a vu naître et où j'ai passé une partie de mon enfance. Mes parents y résident toujours. Vous savez, à l'époque de notre jeunesse, Bouaké était l'épicentre du commerce dans le pays. Son développement était prometteur, chanté par de nombreux artistes de renom. Depuis lors, jusqu'en 2011, de nombreux changements se sont malheureusement produits, mais dans une direction peu favorable.
Le président de la République Alassane Ouattara, ainsi que feu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, ont manifesté leur volonté de redorer le blason de la ville, tout comme celui de toutes les villes du pays. Saisissant cette opportunité, j’ai plaidé, en tant que cadre et fils de la région, en faveur d'investissements particuliers. Je pense que cet engagement a été un élément déterminant dans le choix des populations de m’élire député.
Aujourd'hui, Bouaké a retrouvé sa quiétude d'antan. L'eau potable coule désormais dans les robinets, l'électricité est accessible dans de nombreux foyers, les routes sont praticables, et le plus grand marché de l'Afrique de l'Ouest est en cours de construction à Bouaké. De plus, de nombreuses écoles et centres de santé ont vu le jour, redonnant ainsi espoir aux jeunes. Bouaké est en pleine transformation qualitative. Et nous avons l'ambition de faire encore mieux.
Ma philosophie et mon objectif résident dans mon rôle d'acteur du développement au service des autres. Bouaké compte désormais deux stades, l'un réhabilité et l'autre nouvellement construit. Une piscine municipale émerge du sol, les travaux du palais du carnaval progressent bien, et un autre centre hospitalier universitaire est en cours de construction. En somme, Bouaké est en pleine effervescence. Qui d'autre que le RHDP peut se vanter d'un tel bilan ou d'une telle vision ?
Symboliquement, pour vous qui êtes du camp présidentiel, que représente aujourd’hui la ville de Bouaké ?
Bouaké est la troisième plus grande ville du pays. À ce titre, il fallait lui consacrer beaucoup plus d’attention. Bouaké doit redevenir le grand centre de transit commercial d’autrefois. Ainsi, l’économie du pays se porterait encore mieux. Au niveau politique, je suis député de Bouaké au compte du RHDP. Nous allons bientôt aux élections municipales et régionales où, j’en suis certain, nous remporterons ces sièges. Ceci pour vous dire l’implantation du RHDP dans cette région. Pour ma part, je pense que le RHDP est fortement ancré dans cette partie du pays, et c’est ce que nous devons retenir.
Propos recueillis par Serge-Henri Malet