Selon le FMI, le Sénégal devrait atteindre 8,3 % de taux de croissance du PIB en 2024 grâce aux recettes pétro-gazières. Et, pour l’aider à poursuivre ses réformes climatiques, le pays va bénéficier d’un décaissement de 275,7 millions de dollars de la part du FMI et d’un prêt de 2,7 milliards de dollars du G7 et de l’UE.
L’évolution du PIB sénégalais est fluctuante, avec un taux croissance qui a régressé à 4,7 % en 2022 et qui devrait à nouveau baisser en 2023. En effet, d’après un communiqué du FMI publié le 24 octobre dernier, « la croissance de l’économie sénégalaise devrait se limiter à 4,1 % en 2023 », soit, pour la deuxième année consécutive, en dessous de son niveau d'avant la pandémie de Covid-19. En cause, un environnement extérieur défavorable et une situation sociopolitique qui, au premier semestre 2023, a affecté les secteurs du commerce et des services. Toutefois, une lueur d’espoir se dessine pour 2024, avec un taux de croissance qui devrait bondir à 8,3 % grâce, notamment, au démarrage de la production de gaz naturel à partir du second semestre. De quoi réjouir le premier ministre-candidat Amadou Ba, dauphin désigné du président sortant, qui compte s’appuyer fortement sur ce chiffre de croissance pour séduire ses compatriotes et remporter la présidentielle de février 2024. Et ce d’autant plus que, comme l’a précisé M. Gemayel, chef de mission FMI pour le Sénégal, cette croissance attendue devrait aussi être « l’une des plus fortes d’Afrique subsaharienne ».
Le FMI a également annoncé dans ce communiqué que son conseil d’administration avait approuvé le décaissement d’un financement de 275,7 millions de dollars en faveur du Sénégal. Une ligne de crédit de 212 millions de dollars au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi du crédit (MEDC), ainsi qu’un financement de 63,7 millions de dollars au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), un mécanisme de prêt lancé en 2022 par l’institution financière pour aider, grâce à des financements à faible coût, les pays à revenu faible ou intermédiaire à relever les défis structurels à long terme tels que le changement climatique.
En outre, le FMI a confirmé les « performances satisfaisantes » de l’exécutif sénégalais dans la mise en œuvre de son programme de réformes économiques malgré un environnement extérieur défavorable. « Á l’exception d’un indicateur quantitatif, tous les critères de performance et les objectifs indicatifs pour fin juin 2023 ont été respectés. Trois des six critères structurels pour la première revue du programme FDC/MEDC ont été remplis. Les autorités se sont engagées à mettre en œuvre les trois critères structurels restants concernant la gouvernance et la stratégie de dépenses fiscales avant l’examen du dossier par le conseil d'administration du FMI. Les deux mesures de réforme pour la première revue du programme au titre de la FRD, qui portent sur l'adoption d'un décret sur la gestion des investissements publics intégrant des considérations climatiques à chaque étape de l'élaboration du projet et le plan de mise en œuvre de la stratégie pour des transports publics verts, ont été mises en œuvre », précise le communiqué.
Pour une transition énergétique juste
Conformément à la nouvelle règle budgétaire adoptée par les autorités sénégalaises, les recettes supplémentaires générées par les exportations pétro-gazières seront versées à la fois dans un fonds souverain dit « intergénérationnel » et dans un fonds de stabilisation afin de maintenir le niveau de dépenses publiques au fur et à mesure que le pays effectuera sa transition vers les énergies renouvelables. Et pour aider le Sénégal à poursuivre son programme de réformes climatiques, un accord a été signé le 22 juin dernier sur un Partenariat pour une transition énergétique juste (PTEJ) avec les pays du G7 et de l’UE. Cette convention de prêt, d’un montant de 2,7 milliards de dollars, répond à la nécessité de combler l’écart entre les pays développés et les pays en développement dans la transition vers une énergie propre. Un accord qui témoigne en tout cas de la détermination du Sénégal à accélérer ce processus de transition.
Louise Bibalou-Durand