Budget - Une hausse de 18,1 % pour une enveloppe de 11 694,4 milliards de FCFA

Établi à 3 160 milliards de FCFA en 2012, le budget ivoirien a plus que triplé en atteignant les 11 694,4 milliards en 2023, et il reste de loin le plus élevé de la zone UEMOA. L’une des priorités du gouvernement est de soutenir davantage les secteurs en difficulté et de contenir la poussée inflationniste.

Du 7 au 10 novembre 2022, durant quatre jours de débats et d’intenses travaux à l’Assemblée nationale, sept ministres du gouvernement du Premier ministre Patrick Achi sont venus défendre devant les députés de la Commission des affaires économiques et financières (CAEF) leur besoin en trésorerie pour 2023. Le plaidoyer du ministre du Budget et du Portefeuille de l’État Moussa Sanogo a été suffisamment convaincant pour faire créditer son département de 392,831 milliards de FCFA. Son collègue Adama Coulibaly, de l’Économie et des Finances, a pour sa part obtenu un crédit de 133,043 milliards de FCFA. En revanche, Kaba Nialé, ministre du Plan et du Développement, a dû se contenter de 27,833 milliards de FCFA. Quant à Anne Désirée Ouloto, ministre de la Fonction publique, et sa collègue Nassénéba Touré, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, elles ont respectivement obtenu des députés 281,365 et 235,629 milliards de FCFA pour leur budget annuel. Enfin, Épiphane Zorro Bi Ballo, ministre de la Bonne Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, s’est vu accorder un budget 5,923 milliards de FCFA, et Kouadio Konan Bertin, ministre de la Réconciliation et de la Cohésion sociale, un budget 4,146 milliards de FCFA.

Á l’issue des échanges entre ministres et députés, le projet de loi de finances sur le budget de Côte d’Ivoire pour l’année 2023, équilibré en ressources et en charges à 11 694,4 milliards de FCFA (17,5 milliards d’euros), a été voté à l’unanimité. Il enregistre une progression de 18,1 % par rapport au budget initial de 2022, et de 8,9 % par rapport au budget révisé de la même année. 

Le budget 2023, structuré en 32 dotations et 137 programmes, est réparti au sein des institutions et des ministères. Il fait aussi l’objet d’une matrice de réalisations par département ministériel qui sert de base au renforcement du suivi-évaluation de l’action gouvernementale.

 

 

Une réduction du déficit projetée à 4,8 % du PIB en 2023

Les débats ont été jugés « constructifs » par le ministre Moussa Sanogo, qui a ajouté : « Les échanges qui ont eu lieu lors de l’examen de ce projet de loi de finances portant budget de l’État pour l’année 2023 nous ont enrichis et permis d’apprendre des informations fraîches et actuelles du terroir. J’ai été encore convaincu et réconforté sur le fait que la représentation nationale et l’exécutif ont pour passion commune la Côte d’Ivoire et partagent également une vision commune. » Il a aussi salué la pertinence des débats, qui ont porté sur la mobilisation adéquate des ressources et la juste répartition des richesses nationales au service d’un idéal commun, le bien-être des populations, aussi bien en milieu urbain qu’en zones rurales.

Ce budget a été présenté par le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly comme répondant, entre autres priorités, à celle de « soutenir davantage les secteurs en difficulté et de contenir la poussée inflationniste ». Rappelons que la Côte d’Ivoire dispose du budget d’État le plus important de toute la zone UEMOA, un budget soutenu notamment par la bonne dynamique économique du pays ces dix dernières années.

De 3 160 milliards de FCFA en 2012, le budget ivoirien est en effet passé à 5 015,3 milliards de FCFA en 2015 avant de doubler en 2022 pour atteindre les 10 000 milliards FCFA. Autrement dit, en dix ans, Alassane Ouattara est parvenu à plus que tripler l’enveloppe budgétaire de son pays.

Selon Amadou Coulibaly, ce budget intervient dans un contexte « particulièrement difficile » marqué par un ralentissement du rythme de projection de la croissance économique mondiale en raison de la crise du Covid-19 et du conflit Russie-Ukraine. « Ces deux éléments ont impacté fortement le prix des denrées alimentaires de base, ainsi que le coût des produits énergétiques », a-t-il déclaré, ajoutant qu'en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, le gouvernement avait pris des mesures socio-économiques afin d'atténuer l'impact de ces deux événements sur la vie des Ivoiriens.

« Cette orientation vise à consolider le rythme de progression des activités économiques actuelles, qui sont autour de 6,8 %. Un rythme qui devrait être poussé à 7 % en 2023 de façon à préserver le pouvoir d'achat des populations et maintenir le climat social actuellement apaisé », a-t-il précisé. L'orientation budgétaire de l'exercice 2023 s'inscrit dans une perspective de consolidation budgétaire avec une réduction du déficit, projeté à 6 % à fin 2022 et à 4,8 % du PIB en 2023. 

 

Paul de Manfred


 

En 2024, le budget devrait s’établir à 14 088,5 milliards de FCFA 

 

Dans le cadre des orientations budgétaires et économiques pour les trois prochaines années, Moussa Sanogo, ministre du Budget et du Portefeuille de l’État, a débattu devant la Commission des affaires économiques et financières (CAEF) du Sénat le 3 juillet dernier après s’être livré au même exercice à l’Assemblée nationale le 26 juin. Durant son allocution, il s’est appuyé sur le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEF) 2024-2026 qui définit aussi les perspectives économiques et financières.

Ainsi, le ministre Moussa Sanogo a indiqué que ses services, épaulés par le Fonds monétaire international (FMI), avaient élaboré des projections sur le budget du pays pour l’année 2024 : il devrait enregistrer une hausse de 20,9 % par rapport à 2023 en s’établissant à 14 088,5 milliards de FCFA. En 2025, il devrait atteindre les 15 301,5 milliards et, en 2026, grimper à 16 627,5 milliards, porté par les ressources fiscales projetées à 6 121,4 milliards en 2024, à 6 784,3 milliards en 2025 et à 7 718 milliards en 2026.  

Les recettes non fiscales sont attendues à 122,3 milliards de FCFA en 2024, à 132,1 milliards en 2025 et à 114,3 milliards en 2026. Ajoutons que cette programmation budgétaire s’appuie sur une prévision de croissance du PIB de 7,1 % en moyenne annuelle sur la période 2024-2026 et sur une inflation de 2,4 % sur la période, donc en dessous de la norme communautaire de 3 % maximum, alors qu’elle était de 4,2 % en 2021, de 5,2 % en 2022 et de 3,7 % en 2023.

Quant aux opérations financières de l'État, elles afficheraient de bonnes perspectives sur la période 2024-2026, avec une amélioration du déficit budgétaire passant de 4,1 % du PIB en 2024 à 3,0 % du PIB en 2025 et 2026, respectant ainsi la norme communautaire de 3 %. Le taux de pression fiscale passerait de 14,1 % en 2024 à 14,7 % en 2025 puis à 15,1 % en 2026, et le niveau d'endettement resterait soutenable, passant de 60,8 % en 2024 à 59,5 % en 2025 et 2026, soit toujours en dessous du seuil communautaire de 70 %.  « Au regard de l’ensemble des simulations réalisées par nos services et par le FMI, le risque de surendettement de la Côte d’Ivoire demeure modéré », a assuré devant les sénateurs le ministre Moussa Sanogo. Lors des échanges, les sénateurs ont sollicité des éclairages sur des questions relatives au développement de l’agriculture, à l’accès à l’eau potable, etc. Ils ont aussi avancé des propositions pour plus d’efficacité dans les domaines de la santé, du logement, de l’éducation ou encore de la gestion des collectivités territoriales.

 

P. de M.